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pour la religion et qu’il ne faut que la réformer pour qu’elle devienne une institution bienfaisante pour l’humanité.

L’Eglise n’a jamais été qu’une institution mensongère et cruelle qui, en vue des avantages qu’elle pouvait acquérir du pouvoir temporel pour ceux qui faisaient partie de cette institution a perverti et dénaturé la vraie doctrine chrétienne.

Tous les Concordats n’ont jamais été pour elle autre chose que des accommodements entre l’Eglise et l’Etat, par lesquels l’Eglise promettait son aide à l’état en vue des avantages matériels que lui accordait ce dernier.

Le Christianisme n’a jamais été pour l’Eglise qu’un prétexte. On me dira qu’il y a eu, et qu’il y a jusqu’à présent, dans le monde catholique des individus, hommes et femmes, d’une sainte vie, mais la sainteté de ces individus n’est pas atteinte grâce aux enseignements de l’Eglise, mais plutôt malgré elle.

En somme j’ai été surtout étonné en lisant votre livre (qui est très bien écrit et a de belles pages) d’y trouver sur le thème de l’avenir du catholicisme et de la religion en général des raisonnements de différents Monseigneurs et auteurs laïques que vous y citez, qui feraient penser que ni Voltaire, ni Rousseau, ni Kant, ni Channing,2 ni Lammenais,3 ni beaucoup d’autres grands esprits qui ont traité ce sujet, n’ont jamais existé.

Tout ce qui peut se dire à présent sur la question du rapport de la vraie religion et du catholicisme a été dit depuis longtemps et dit de manière à épuiser complètement la question.

Il n’y a qu’à relire Voltaire, Kant (son livre «Sur la religion dans les limites de la raison pure»), Channing, Lammenais, Ruskin, Emerson4 et autres pour voir que tout ce qui se débite à présent sur cette matière avec si peu de clarté, de précision et de méthode5 a été dit depuis longtemps et de manière à ne laisser rien à dire à ceux qui voudraient à présent traiter la même question.

«On me dit qu’il fallait une révélation», dit Rousseau dans sa Proffession de foi du Vicaire Savoyard, «pour apprendre aux hommes la manière dont Dieu voulait être servi, on assigne en preuve la diversité des cultes bizarres qu’ils ont institués et l’on ne voit pas que cette diversité même vient de la fantaisie des révélations. Dès que les peuples se sont avisés de faire parler Dieu, chacun l’a fait parler à sa mode et lui a fait dire ce qu’il a voulu. Si l’on n’eut écouté que ce que Dieu dit au

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