Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Walter-Scott

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Henri Plon (p. 700).
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Walter-Scott. L’illustre romancier a publié sur la démonologie et les sorciers un recueil de lettres qui expliquent et qui éclaircissent certaines particularités mystérieuses, croyances et traditions populaires dont il a fait usage si souvent et si heureusement dans ses romans célèbres. Il est fâcheux que les opinions religieuses de l’auteur anticatholique aient déteint dans son esprit un peu trop de scepticisme. Il est trop enclin à ne voir dans les matières qui font le sujet de ses lettres que les aspects poétiques ; et s’il est agréable de le suivre dans des recherches piquantes, il faut recommander de le lire, avec toute réserve ; car il est là, comme dans ses romans, opposé en toute occasion à l’Église romaine. Dans la première lettre, il établit que le dogme incontestable d’une âme immatérielle a suffi pour accréditer la croyance aux apparitions.

Dans la deuxième, il s’arrête à la tradition du péché originel ; il y trouve la source des communications de l’homme avec les esprits. Il reconnaît que les sorciers et magiciens, condamnés par la loi de Moïse, méritaient la mort, comme imposteurs, comme empoisonneurs, comme apostats ; et il remarque avec raison qu’on ne voyait pas chez les Juifs et chez les anciens, dans ce qu’on appelait un magicien ou un devin, ce que nous voyons dans les sorciers du moyen âge, sur lesquels, au reste, nous ne sommes encore qu’à demi éclairés.

La troisième lettre est consacrée à l’étude de la démonologie et des sorciers chez les Romains, chez les Celtes et chez les différents peuples du Nord. Les superstitions des anciens Celtes subsistent encore en divers lieux, dit l’auteur, et les campagnards les observent sans songer à leur origine.

La quatrième et la cinquième lettre sont consacrées aux fées.

La sixième lettre traite principalement des esprits familiers, dont le plus illustre était le célèbre Puck ou Robin Goodfellow, qui chez les sylphes jouait en quelque sorte le rôle de fou ou de bouffon de la compagnie. Ses plaisanteries étaient du comique à la fois le plus simple et le plus saugrenu : égarer un paysan qui se rendait chez lui, prendre la forme d’un singe afin de faire tomber une vieille commère sur son derrière, lorsqu’elle croyait s’asseoir sur une chaise, étaient ses principales jouissances. S’il se prêtait à faire quelque travail pour les gens de la maison pendant leur sommeil, c’était à condition qu’on lui donnerait un déjeuner délicat.

La septième, la huitième et la neuvième lettre s’occupent des sorciers et de la sorcellerie. La dernière est consacrée aux devins et aux revenants. Tout ce dictionnaire est parsemé de faits et de documents pour lesquels nous avons puisé et cité en leur lieu tout ce qui, dans ce livre de démonologie, peut intéresser le lecteur.