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* 48. T. A. Ергольской.

1851 г. Августа 17. Станица Старогладковская.

Chère et excellente Tante!

Vous m’avez dit plusieurs fois, que vous n’avez pas l’habitude d’écrire des brouillons pour vos lettres, je suis votre exemple; mais je ne m’en trouve pas aussi bien que vous; car il m’arrive fort souvent de déchirer mes lettres après les avoir relues. Ce n’est pas par fausse honte que je le fais, — une faute d’orthographe, un pâté, une phrase mal tournée ne me gênent pas; mais c’est que je ne puis parvenir à savoir diriger ma plume et mes idées. Je viens de déchirer une lettre que j’avais achevée pour vous; parceque j’y avais dit beaucoup de choses, que je ne voulais pas vous dire et rien de ce que je voulais vous dire.

Vous croirez peut-être, que c’est dissimulation et vous direz, qu’il est mal de dissimuler avec les personnes qu’on aime et dont on se sait aimé. Je conviens; mais convenez aussi, qu’on dit tout à un indifférent et que plus une personne nous est chère, plus il y a de choses qu’on voudrait lui cacher.

Je viens d’écrire cette page et je me reprends. Ne croyez pas que ce soit une préface (приготовленіе къ чему нибудь), ne vous effrayez pas. Tout bonnement cette idée m’est passée par la tête et je vous la dit. — Avant hier j’ai reçu votre réponse1 à la première lettre, que je vous ai écrit[e] du Caucase. Deux mois pour recevoir une réponse! C’est énorme surtout quand on voudrai[t] ne pas cesser de causer avec vous.

Vous me dites «je crains que ma lettre ne te paraisse longue». — Sans figures R[h]étoriques, malgré que je relis au moins une dizaine de fois chacune de vos lettres elles me paraissent tellement courtes que je m’étonne, comment vous faites pour écrire si peu, ayant tant à dire; —vous avez dû recevoir ma lettre, dans laquelle je vous parle du piano.2 — Les bonnes nouvelles que vous me donnez sur les bonnes dispositions de Serge, à l’égard de la Sultane3 me paraissent douteuses. Pardon, chère tante, mais je ne vous crois pas aveuglement sur ce qui nous concerne. — Votre trop grand amour pour nous vous trompe souvent sur le véritable état des choses; mais je voudrais bien savoir à quoi m’en tenir sur le compte de Serge.

Comme frère cadet c’est à moi de lui écrire le premier; je le ferais et par sa réponse je jugerai.

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